Page:Marcellin, Jornandès, Frontin, Végèce, Modestus - Traductions de Nisard, 1860.djvu/694

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ordonnées entre elles, paraissent ne faire qu’un seul corps, qu’un même tout. Par l’ordre de la promotion, tous les soldats roulent de cohorte en cohorte ; de sorte que de la première un soldat qu’on avance passe tout d’un coup à la dixième ; il y prend un meilleur grade : avec le temps il remonte par toutes les autres, augmentant toujours de grade et d’appointements, et revient à la première. C’est ainsi que le centurion primipile, après avoir commandé de classe en classe dans toutes les autres cohortes, parvient dans la première à cette haute dignité, qui lui procure des avantages infinis dans toute la légion. Les préfets du prétoire arrivent de même à ce rang si honorable et si lucratif par cette promotion circulaire. Les cavaliers légionnaires, malgré l’antipathie naturelle qui règne entre la cavalerie et l’infanterie, regardaient les fantassins de leur cohorte comme leurs camarades : enfin cette harmonie de toutes les parties de la légion y faisait régner une union constante entre toutes les cohortes, et entre les cavaliers et les soldats.

chapitre xxii.
Des trompettes, cornets et buccines. En quoi ils diffèrent entre eux.

Les instruments militaires de la légion sont la trompette, le cornet, et la buccine ou cor : la trompette sonne la charge et la retraite ; les enseignes obéissent au bruit du cornet, qui ne donne que pour elles : c’est encore la trompette qui sonne lorsque les soldats commandés pour quelque ouvrage sortent sans enseignes ; mais dans le temps même de l’action les trompettes et les cornets sonnent ensemble. La buccine ou cor appelle à l’assemblée ; c’est aussi une des marques du commandement : elle sonne devant le général, et lorsqu’on punit de mort des soldats, pour marquer que cette exécution se fait de son autorité. C’est encore au son de la trompette qu’on monte et qu’on descend les gardes ordinaires et les grand’gardes hors du camp ; qu’on va à l’ouvrage et que se font les revues : c’est aussi à ce signal que les travaux cessent. Ce sont les cornets qui sonnent pour faire marcher les enseignes et les faire arrêter. Tout cela se pratique dans les exercices, et dans les promenades qu’on fait faire aux soldats sous les armes, afin que dans un jour d’affaire, accoutumés aux signaux de ces instruments, ils y obéissent promptement, soit qu’il faille charger ou s’arrêter, pour suivre l’ennemi ou revenir. En effet, la raison veut qu’on pratique souvent dans le loisir de la paix ce qu’il faut nécessairement exécuter dans le tumulte des combats.

chapitre xxiii.
De l’exercice des troupes.

On conçoit l’ordonnance de la légion. Revenons aux exercices, d’où est venu, comme on l’a déjà dit, le nom d’armée (exercitus). On exerçait matin et soir les nouveaux soldats à manier toutes sortes d’armes ; on obligeait aussi les vieux, même les mieux dressés, à faire les exercices régulièrement une fois par jour. Les services et l’âge ne donnent pas toujours la science de la