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LIVRE III

PROLOGUE.

L’histoire des peuples anciens nous apprend que les Athéniens et les Lacédémoniens donnèrent la loi dans la Grèce avant les Macédoniens. Mais Athènes ne se distingua pas seulement dans les armes, elle cultiva les sciences et les arts ; au lieu que les Spartiates firent leur étude propre de la guerre. On assure qu’ils furent les premiers à s’instruire sur les divers événements des batailles, et à mettre par écrit leurs observations militaires, et qu’ils parvinrent bientôt à réduire à des règles raisonnées et à des principes méthodiques ce qui ne semblait jusqu’alors dépendre que de la valeur ou de la fortune. De là l’établissement de leurs écoles de tactique, pour enseigner à la jeunesse les manœuvres de la guerre et les différentes dispositions de combattre ; hommes vraiment dignes de toute notre admiration, qui voulaient que chez eux on s’attachât particulièrement à un art sans lequel les autres arts ne peuvent subsister. Les Romains, marchant sur leurs traces, se sont aussi formé par l’expérience un système de tactique, et en ont de même conservé les règles dans leurs écrits ; et ce sont, empereur invincible, ces mêmes principes, dispersés dans différents auteurs, que vous m’avez ordonné d’abréger, de peur que le trop grand nombre ne causât de l’ennui, ou que le trop peu n’inspirât pas de confiance. Quant aux progrès que firent les Lacédémoniens dans l’art des dispositions, je n’en veux point d’autre preuve que l’exemple de Xanthippe, qui, prêtant le secours, non de son courage, mais de son art, aux Carthaginois, épuisés par la défaite de leurs armées, battit Attilius Régulus, le mit aux fers, avec les débris d’une armée romaine si souvent victorieuse, et termina ainsi la guerre par une seule journée. Ce ne fut pas avec moins de succès qu’Annibal, se préparant à porter la guerre en Italie, voulut prendre des leçons d’un Lacédémonien ; Leçons qui furent funestes à tant de consuls et à tant de légions, quoique ce général fût toujours inférieur en nombre et en force aux Romains. Qui désire la paix, se prépare donc à la guerre. Qui aspire à la victoire, s’applique à former ses soldats. Qui veut combattre avec succès, combatte par principes, non au hasard. Personne n’ose insulter une puissance dont on sent la supériorité dans l’action.

chapitre i.
De la grandeur des armées.

Le premier livre traite des levées et des exercices des nouveaux soldats ; dans le second on a développé l’ordonnance de la légion et la discipline des troupes : les batailles font le sujet du troisième. Il est précédé des deux autres, afin qu’arrivant par ordre aux instructions qui suivent sur la science des combats et sur les moyens de vaincre, on puisse les entendre plus aisément et en tirer plus de fruit. On appelle armée un certain nombre de légions et de troupes auxiliaires, infanterie et cavalerie, réunies pour des ex-