Page:Marcellin, Jornandès, Frontin, Végèce, Modestus - Traductions de Nisard, 1860.djvu/717

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fendre d’un côté, vous vous découvrirez de l’autre avec danger. Au cas même que vous fussiez inférieur en nombre, il vous serait plus utile d’avoir un corps de bataille moins nombreux et une réserve plus considérable, puisqu’elle vous mettrait en état de former un coin à la tête de votre centre pour enfoncer le centre ennemi ; tandis qu’avec de la cavalerie d’élite et de l’infanterie légionnaire, tirées aussi de la réserve, vous envelopperez les ailes.

chapitre xviii.
Du poste des officiers généraux dans une bataille.

Le général se place ordinairement entre l’infanterie et la cavalerie de la droite ; c’est de là qu’il peut se porter librement partout où il est est besoin, diriger les mouvements de ces deux corps, les encourager à faire leur devoir. C’est à lui à détacher de la réserve une troupe de cavalerie, entremêlée d’infanterie, contre l’aile gauche de l’ennemi, pour tâcher de l’envelopper, et de la prendre ensuite par ses derrières. Le second officier général est au centre de l’infanterie, pour en affermir et en régler les mouvements : il doit avoir sous la main une réserve d’infanterie d’élite et bien armée, prête à se former en coin, s’il est question d’enfoncer le centre ennemi, ou en tenaille, pour l’opposer au coin que l’ennemi lui-même aurait formé. Le troisième officier général commande l’aile gauche ; il a d’autant plus besoin de courage et de précaution, qu’elle laisse plus de prise à l’ennemi : c’est pourquoi l’officier qui y commande doit tirer de la réserve de bonne cavalerie et de l’infanterie légère, qui puissent, en étendant à propos son aile, l’empêcher d’être enveloppée. On ne doit point pousser le cri du combat avant que les deux armées ne se soient jointes : il n’y a que les lâches et les gens sans expérience qui crient de loin. Il faut tâcher de vous mettre en bataille avant l’ennemi. Vous y trouverez l’avantage de dresser votre ordre tel qu’il vous plaira, sans crainte d’y être troublé ; puis d’augmenter la confiance de vos soldats et de diminuer celle de l’ennemi, ceux-là paraissant les plus courageux qui présentent le combat. Les ennemis qui vous voient disposés à les attaquer commencent à avoir peur. Enfin, en le prévenant par votre ordre de bataille, vous vous mettrez en état de le troubler dans le sien, et même de l’effrayer. Or, c’est commencer à vaincre que d’étonner son ennemi, même avant de le combattre.

chapitre xix.
Par quels moyens en bataille rangée on peut résister à la valeur et aux ruses de l’ennemi.

Il n’est pas question ici de ces coups de main dont un général expérimenté ne doit jamais laisser échapper les occasions ; et elles se présentent souvent : car si l’ennemi est fatigué d’une marche désordonnée au passage d’une rivière, embarrassé dans des marais, essoufflé sur le penchant rapide d’une montagne, épars et en pleine sécurité dans un camp, négligent et sans précautions dans un quartier, ce sont autant de situations favorables pour l’attaquer ; parce qu’alors, oc-