Page:Marcellin, Jornandès, Frontin, Végèce, Modestus - Traductions de Nisard, 1860.djvu/719

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vient donc que lorsqu’à la tête d’une armée plus brave et plus nombreuse que celle de l’ennemi, on peut le prendre à ses deux flancs et en front en même temps, et pour ainsi dire l’embrasser. Le second ordre, un des meilleurs, est préférable au premier, en ce qu’il vous met en état de vaincre un ennemi supérieur en nombre et en courage, pourvu que vous ayez bien su poster le petit nombre de braves sur qui doit rouler la principale attaque. En voici la disposition : Dans l’instant que les deux armées s’ébranlent, éloignez votre gauche de la droite de l’ennemi, hors de la portée de toutes les armes de trait et de jet ; que votre droite, composée de tout ce que vous avez de meilleur tant en infanterie qu’en cavalerie, tombe sur la gauche ennemie, la joigne corps à corps, la pénètre ou l’enveloppe de façon à pouvoir la prendre en queue. Si vous parvenez à la chasser de son terrain, vous remporterez une victoire complète et certaine avec le reste de votre aile droite et de votre centre, qui tomberont en même temps sur l’ennemi ; tandis que votre gauche, tranquille et sans danger, tiendra la droite ennemie en échec. Une armée rangée dans cet ordre oblique donne à peu près la figure de la lettre A, ou d’un niveau de maçon. Supposé que l’ennemi eût eu recours le premier à cette savante disposition, vous pourriez soutenir votre gauche par un détachement considérable de la réserve, afin de balancer par la force les avantages de l’art. Le troisième ordre est à peu près le même, moins bon toutefois en ce qu’on engage le combat par sa gauche contre la droite de l’ennemi : or, comme la gauche est ordinairement plus découverte, l’attaque en est toujours plus faible et plus périlleuse ; c’est ce que j’expliquerai dans la suite. Si cependant votre gauche se trouvait plus forte que votre droite, fortifiez-la encore par des fantassins et des cavaliers d’élite ; et, après avoir éloigné votre droite hors de l’épée et même des traits de l’ennemi, tombez tout à coup, par votre gauche, sur sa droite, et tâchez de l’envelopper : mais prenez garde que pendant ces mouvements votre centre, nécessairement découvert, ne soit pris en flanc, et enfoncé par ces coins dont nous avons parlé. Au reste, cette dernière disposition ne vous réussira qu’autant que votre gauche sera très forte et la droite ennemie très faible. Voici le quatrième ordre : Dès que vous serez arrivés en bataille, à quatre ou cinq cents pas de l’ennemi, que vos ailes se détachent, et fondent vivement sur les siennes. Vous pouvez l’effrayer par ce mouvement rapide, auquel il ne s’attend pas, le mettre en fuite, et remporter une pleine victoire ; mais ce genre d’attaque, quoiqu’on y réussisse promptement avec des gens exercés et très braves, est néanmoins dangereux ; car il oblige de découvrir le centre, et de partager l’armée en deux ; et si l’ennemi n’est pas vaincu au premier choc, il aura beau jeu de battre vos ailes séparées, et votre centre resté découvert. La cinquième disposition est semblable à la quatrième ; mais elle a cela de plus, que les légèrement armés et les archers se mettent en ligne devant le centre, pour le couvrir contre l’effort de l’ennemi : de la sorte, on attaque la gauche des ennemis avec sa droite, et leur droite avec sa gauche. Si on peut les mettre