Page:Marcellin, Jornandès, Frontin, Végèce, Modestus - Traductions de Nisard, 1860.djvu/724

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dans ces grands corps. Nous avons rapporté un certain nombre de moyens pratiqués autrefois et d’armes employées contre les éléphants, afin que si jamais on se trouve dans ce cas, on sache ce qu’on peut opposer à ces bêtes énormes.

chapitre xxv.
Du parti qu’il faut prendre en cas de déroute de tout ou partie de l’armée.

Si une partie de votre armée est victorieuse et que l’autre prenne la fuite, ne perdez pas pour cela l’espérance d’une victoire complète : votre fermeté peut vous la procurer. Dans ces circonstances, dont il y a tant d’exemples, les généraux qui n’ont point désespéré ont passé pour des génies supérieurs. On suppose avec raison un grand courage dans l’homme que les revers n’abattent pas. Dépouillez le premier les morts, et, comme on dit, glanez le champ de bataille, et faites sonner les trompettes et crier victoire. Cette confiance apparente en inspirera une réelle à vos soldats, et effrayera vos ennemis, parce que les uns et les autres vous croiront partout victorieux : mais quand la déroute serait générale, ce malheur n’est pas irréparable, et l’on y doit chercher des remèdes. Un général prévoyant ne doit livrer bataille qu’après avoir prévu les chances de la fortune et de la condition humaine, et s’être préparé des ressources pour sauver son armée vaincue. Si, par exemple, il est à portée de quelque éminence ; s’il a quelque place forte sur ses derrières ; si, malgré la déroute presque générale, il lui reste quelque troupe en état de tenir ferme, ce sont autant de ressources qui le peuvent sauver. Il est souvent arrivé qu’une armée battue, en se ralliant et prenant courage, a vaincu ses vainqueurs, pendant qu’ils s’abandonnaient pêle-mêle sur les fuyards ; car on ne court jamais tant de risques dans la victoire même, que quand la présomption se tourne en crainte. Enfin, quelque malheureux qu’ait été le combat, ralliez le plus de soldats que vous pourrez ; réchauffez les esprits ; rallumez les courages par des exhortations vives, et, s’il se peut, par un nouveau combat ; faites de nouvelles levées, renforcez-vous par de nouveaux secours, et (ce qui sert bien plus que tout le reste) saisissez les occasions de dresser des embûches au vainqueur, pour pouvoir tomber sur lui avec avantage : rien ne ranime tant les vaincus, et ces occasions ne vous manqueront pas ; car le propre des succès est de rendre l’homme peu précautionné et présomptueux. En un mot, si quelqu’un s’imaginait qu’une déroute est un malheur sans ressource, qu’il fasse attention que l’événement des batailles s’est trouvé très souvent en faveur des généraux qui les avaient commencées très malheureusement.

chapitre xxvi.
Maximes générales de la guerre.

Dans quelque guerre que ce soit, une expédition ne peut être avantageuse à l’un des partis, qu’elle ne soit désavantageuse ou préjudiciable à l’autre. Prenez donc garde de vous laisser attirer à quelque espèce de guerre favorable au parti contraire ; que votre utilité seule soit la règle de vos démarches. Faire les manœuvres auxquelles l’ennemi voudrait vous engager, ce serait tra-