Page:Marcellin, Jornandès, Frontin, Végèce, Modestus - Traductions de Nisard, 1860.djvu/729

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ne fasse abandonner le rempart, et ne leur donne la facilité d’escalader la place, la plus grande partie des soldats de la garnison doivent avoir de grands boucliers et des armures complètes ; et, pour les mieux protéger encore, on tend sur les remparts des voiles et des couvertures de crin. Ce double parapet flottant amortit les flèches, et les laisse difficilement passer. A cela l’on a ajouté l’invention des mételles, qui sont des caisses de bois qu’on remplit de pierres ; et on les arrange le long des courtines avec tant d’art, que les assiégeants, en montant à l’escalade, ne peuvent y toucher sans faire pleuvoir les pierres sur leurs têtes.

chapitre vii.
Par quels moyens les assiégés évitent la famine.

Nous parlerons dans leur lieu des différentes méthodes d’attaque et de défense ; mais il faut voir auparavant qu’il y a deux manières, en général, d’attaquer une place : la première, quand on la presse de vive force, et qu’on livre des assauts ; la seconde, quand, après avoir investi la place, on détourne l’eau aux assiégés, et qu’on leur coupe tous les vivres, pour les faire rendre par famine ; et c’est la façon de fatiguer les assiégés à son aise et sans rien risquer. Pour n’y point être exposé, il faut, au moindre soupçon qu’on a du dessein de l’ennemi, transporter dans la place tous les vivres qu’il peut y avoir à la campagne, afin que les assiégés en aient au delà même du besoin, et que la disette oblige les ennemis de se retirer. Il est à propos de saler non seulement les porcs, mais encore tous les animaux qu’on ne peut faire vivre dans une place fermée, afin de ménager le pain par la viande. La volaille est nécessaire pour les malades, et se nourrit à peu de frais dans la ville. Il faut surtout amasser beaucoup de fourrage, et brûler tout ce qu’on ne peut pas enlever. On doit aussi faire de grandes provisions de vin, de vinaigre, de fruits, de légumes de toute espèce, et ne rien laisser qui puisse servir à l’ennemi. L’agrément et l’utilité persuadent encore que l’on doit avoir grand soin des jardins publics et particuliers. Mais il sert peu d’avoir amassé de grandes provisions, si dès le commencement la distribution ne s’en fait avec sagesse. Ceux qui ont observé l’économie au milieu de l’abondance n’ont jamais été exposés à la famine. Souvent aussi on a fait sortir d’une place assiégée les femmes, les enfants et les vieillards, de peur que la disette de vivres ne forçât la garnison à se rendre.

chapitre viii.
Des approvisionnements de munitions pour la défense des places.

Il faut faire provision de bitume, de soufre, de poix liquide, et de cette huile qu’on nomme incendiaire, pour brûler les machines des ennemis. On garde dans les magasins du fer et de l’acier avec du charbon, pour fabriquer des armes, et du bois propre à faire des hampes à toutes sortes de traits. On ramasse avec beaucoup de soin dans les rivières des pierres rondes, parce qu’elles en sont plus pesantes, et qu’on les jette