Page:Marcellin, Jornandès, Frontin, Végèce, Modestus - Traductions de Nisard, 1860.djvu/733

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

sage aux soldats pour se jeter dans la place. Le haut de la tour est encore bordé de combattants armés de longs épieux, de flèches, de traits et de pierres, pour nettoyer les remparts. Dès qu’on est venu là, la place est bientôt prise. Quelle ressource reste-t-il à des gens qui se confiaient sur la hauteur de leurs murailles, lorsqu’ils en voient tout à coup une plus haute sur leur tête ?

chapitre xviii.
Comment on met le feu à une tour mobile.

Il y a plusieurs manières de se défendre contre ces redoutables machines. Si les assiégés ont du courage et de l’assurance, ils font une sortie avec des troupes d’élite ; et, après avoir repoussé l’ennemi, ils arrachent les cuirs qui couvrent la tour, et y mettent le feu : mais si la garnison n’ose pas risquer une sortie, on lance avec de grandes balistes des marteaux ou des phalariques qui percent les peaux et les couvertures, et portent le feu dans le bois. Les marteaux sont une sorte de flèches ardentes, qui mettent le feu partout où elles peuvent s’attacher. La phalarique est une espèce de lance armée d’un gros fer, entre lequel et la hampe on entortille des étoupes pleines de soufre, de bitume, de résine, et d’huile incendiaire. Ce trait lancé vivement par les balistes perce les couvertures des tours, s’attache au corps de la machine, et la brûle souvent. On saisit encore les moments que les assiégeants ne sont point sur leurs gardes : on descend avec des cordes des hommes qui portent de la lumière dans des lanternes, et on les remonte de même, après qu’ils ont mis le feu aux machines.

chapitre xix.
Comment on exhausse la muraille.

Les assiégés, pour n’être point commandés et écrasés par une machine supérieure aux remparts, exhaussent la partie du mur où la tour s’efforce d’approcher ; et cela se fait par une maçonnerie de pierre et de ciment, de terre détrempée ou de brique, ou enfin par une charpente. Ces tours redoutables cessent de l’être, dès qu’elles se trouvent inférieures aux défenses qu’on leur oppose. Mais voici la ruse que les assiégeants ont coutume d’employer : La machine paraît d’abord plus basse que les parapets de la place ; elle l’est en effet ; mais elle renferme une autre petite tour qu’on ne voit pas, et que l’on fait monter avec des cordes et des poulies lorsqu’il en est temps ; elle s’élève tout d’un coup au-dessus des défenses, et les soldats qui y sont se jettent dans la place.

chapitre xx.
De l’usage des mines pour se défendre contre les tours mobiles.

Quelquefois on présente, au-devant d’une tour qui s’avance, de très longues poutres revêtues de fer, pour l’éloigner des murailles. Au siège de Rhodes, les assiégeants ayant construit une tour mobile, supérieure de beaucoup et aux remparts et à toutes les tours de la place, un ingénieur