Page:Marcellin, Jornandès, Frontin, Végèce, Modestus - Traductions de Nisard, 1860.djvu/737

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chapitre xxviii.
Comment les assiégeants se précautionnent contre les ruses des assiégés.

La négligence expose les assiégeants aux surprises, comme les assiégés. Car si la garnison sait profiter des moments favorables, elle fait tout à coup une sortie vigoureuse, tue aisément des gens qui ne s’y attendent pas, brûle les béliers, les machines, les plates-formes même, et renverse tous les ouvrages du siège. Mais les assiégeants creusent autour de la place, au-delà de la portée du trait, un bon fossé, qu’ils bordent d’un retranchement de terre et de palissades, et qu’ils flanquent encore de petites tours pour arrêter les sorties des assiégés. Cet ouvrage s’appelle contrevallation, et l’on trouve souvent dans les histoires, aux descriptions des sièges, que telle ville a été entourée d’une ligne semblable.

chapitre xxix.
Des machines qui servent à la défense des places.

Les mêmes machines servent à l’attaque et à la défense des places, mais avec cette différence que les armes de jet, soit plombées, piques, lances ou javelots, frappent avec plus de force de haut en bas. De même les flèches décochées avec l’arc, et les pierres poussées avec la main, la fronde ou le fustibale, vont d’autant plus loin qu’elles partent de plus haut. Pour les balistes et les onagres, servis par d’habiles gens, ils l’emportent sur toutes les autres machines, et il n’y a ni bravoure ni armes défensives qui puissent garantir de leurs coups : semblables à la foudre, elles brisent et fracassent tout ce qu’elles atteignent.

chapitre xxx.
Comment on prend la hauteur des murailles.

Pour que les échelles et les machines aient l’utilité qu’on en attend, il faut leur donner une hauteur qui passe celle des remparts. Il y a deux méthodes pour trouver cette mesure. La première est d’attacher un ruban mince et léger au bout d’une flèche qu’on envoie contre le rempart ; et lorsqu’elle est plantée au sommet, on estime l’élévation de la muraille sur la longueur connue du ruban : ou, si on l’aime mieux, lorsque le soleil fait tomber obliquement sur la terre l’ombre des tours et des murailles, on la mesure sans que les assiégés s’en aperçoivent. On plante en suite en terre une perche de dix pieds, et on mesure l’ombre qu’elle donne. Or, par le calcul, il est aisé de trouver la hauteur des murailles par la proportion d’une ombre à l’autre, dès qu’on sait combien telle hauteur donne d’ombre.

ÉPILOGUE.

J’ai, ce me semble, rédigé pour le bien public ce que les auteurs militaires nous ont laissé d’ancien, et ce que l’expérience a fait inventer de nouveau dans ces derniers temps sur l’attaque et la défense des places. Mais je répète encore qu’il faut prendre les plus grandes précautions pour éviter le manque de vivres ou d’eau, ce qui est un mal sans remède. Il faut enfermer d’autant plus de provisions dans une place, que l’on sait que les ennemis peuvent la tenir plus longtemps investie.