Page:Marcellin Pellet - Élysée Loustallot et les Révolutions de Paris, 1872.djvu/111

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et simple raison, par l’évidence du bien, qu’ils peuvent fonder leur ouvrage ; moyen solide, sans doute, mais qui suppose un peuple composé d’hommes également éclairés, également vertueux.

« Un tel peuple n’existe point et n’existera vraisemblablement jamais. Il faut donc faire la Constitution pour le peuple, puisqu’on ne peut faire le peuple pour la Constitution. Il faut, à l’exemple de Solon, proposer au peuple non pas les meilleures lois possibles, mais les meilleures qu’il puisse supporter.

« L’esprit de législation consiste donc à distinguer les coutumes, les abus, les préjugés que l’on peut attaquer à force ouverte, de ceux qu’il faut miner sourdement. Cet esprit ne suppose pas seulement la connaissance du cœur humain ; il suppose une étude profonde du peuple qui est à constituer.

« Préparer des moyens de détruire ses préjugés, et les vices qui lui sont chers, en paraissant s’y accommoder, est la seule magie législative qui soit possible et permise. »

Le vaillant publiciste veut que la législation nouvelle batte en brèche tous les vieux préjugés qui retardent le progrès de la civilisation. Il prend au nom de l’égalité la défense des Juifs, des comédiens, du bourreau, privés encore de