Page:Marcellin Pellet - Élysée Loustallot et les Révolutions de Paris, 1872.djvu/120

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mis le 14 juillet, Bésenval, effrayé de la victoire du peuple, voulut se réfugier à Soleure, dans son pays. Mais il fut arrêté, et traduit devant le tribunal du Châtelet.

La culpabilité de cet officier royaliste était parfaitement établie : en essayant d’échapper par la fuite à la responsabilité de ses actes, il avait fourni une terrible charge contre lui. Ses amis feignirent de l’oublier, mais au bout de cinq mois, reprenant courage, ils osèrent protester de son innocence. Desèze, l’avocat qui devait plus tard plaider pour Louis XVI, publia un mémoire pour innocenter le traître. Voici les observations que ce mémoire suggère à Loustallot :

« Il n’y a des peuples esclaves que parce qu’il a existé des criminels de lèse-nation. C’est parce que les actes qui tendaient à établir ou à maintenir le despotisme sont demeurés impunis, qu’un ou plusieurs hommes sont parvenus à substituer leurs volontés particulières à la volonté publique, et leurs caprices aux lois. Le despote est dans un état habituel de crime de lèse-nation ; sa punition est légitime en tout temps, et par toutes sortes de voies ; il est permis de n’opposer que la force à celui qui veut gouverner par le droit du plus fort. Mais lorsqu’une nation réunit la justice à la force, pour se venger des attentats commis contre sa liberté,