Page:Marcellin Pellet - Élysée Loustallot et les Révolutions de Paris, 1872.djvu/208

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

qu’une tournure ; et c’est ce qu’il n’est pas même possible de supposer. »

Les théâtres donnent chaque jour des pièces patriotiques. Loustallot rend compte dans ce numéro de la Mort de César, la célèbre tragédie de Voltaire. Nous détacherons de cet article de critique littéraire quelques considérations sur le théâtre en France.

« Du pain et des spectacles ! Là se bornaient les vœux des Romains, lorsqu’ils devinrent esclaves ; là se bornaient les désirs des Français, lorsqu’ils étaient courbés sous le joug honteux des ministres, des prêtres et des femmes perdues, qui donnaient le ton à l’administration comme aux sociétés. Les conversations les plus relevées roulaient sur la préférence que l’on accordait à Corneille sur Racine, ou à Racine sur Corneille ; mais plus ordinairement on s’entretenait de l’acteur du jour, de la pièce nouvelle, de décorations, de costumes et de musique. Les droits de l’homme, la liberté individuelle, la souveraineté nationale étaient des chimères : on n’en parlait presque point ; ou si l’on s’échappait quelquefois jusqu’à paraître douter de l’infaillibilité d’un ministre, de la pureté des intentions du gouvernement, il y avait, dans toutes les sociétés, dix mouchards pour vous dénoncer, et la Bastille ou Bicêtre s’ouvraient pour engloutir d’innocentes victimes. »