Page:Marcellin Pellet - Élysée Loustallot et les Révolutions de Paris, 1872.djvu/221

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Français : pourquoi criez-vous vive le roi, qu’eussent-ils pu répondre ? Dimanche, ils auraient dit : « Nous désirons voir longtemps à notre tête un roi qui a écouté enfin la voix de la raison, plutôt que les conseils forcenés des siens ; qui a mieux aimé être notre roi par la loi constitutionnelle, qu’en vertu d’un droit dont il n’aurait su rapporter des preuves, et qu’il n’aurait pu établir que par le fer et par le feu. Nous lui tenons compte, en un mot, du mal qu’il aurait pu faire, malgré la certitude où nous sommes que nous aurions fait triompher la volonté générale sur la sienne et sur celle de sa cour. »

Mais la joie des Parisiens fut de courte durée. Ils apprirent bientôt que le roi allait quitter la capitale, et s’installer à Saint-Cloud. Les patriotes frémirent, craignant que le parti de la cour ne voulût enlever le roi, l’éloigner des gardes nationales de la Seine, et le placer au milieu de l’armée, sous la garde de régiments étrangers.

« On a gémi, mais non pas murmuré ; et c’est une chose frappante que le départ du roi, qui a eu lieu le vendredi matin, ait jeté le peuple dans une plus grande consternation que l’approche des troupes et le manque de pain. C’est bien là le caractère d’un peuple libre ; quand il craint quelque malheur il cesse de s’agiter, et il recueille