Page:Marcellin Pellet - Élysée Loustallot et les Révolutions de Paris, 1872.djvu/248

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lâches Athéniens envers Alcibiade, à leurs yeux le héros, et aux yeux des hommes sages le plus dangereux ennemi de la liberté… Un citoyen paisible est longtemps observateur muet de ces scènes avilissantes, l’indignation lui arrache quelques plaintes ; il ne voit pas où M. de La Fayette a encore mérité des témoignages d’un attachement si excessif ; il est entendu par un citoyen en uniforme, qui le désigne comme un ennemi du général.

« Oh ! nouvel opprobre du nom français ! cent voix crient : Il faut l’arréter, arrêtez-le ! et bientôt après : A la lanterne ! Pendant qu’on s’agite autour de lui, qu’on le secoue, qu’il veut se faire entendre, qu’il réclame les droits du citoyen, la garde à cheval arrive et s’empare de lui ; deux cavaliers le saisissent au collet ; et ce citoyen, dans une ville qui se dit libre, en présence d’un peuple qui se croit libre, aux yeux d’une troupe armée qui a juré de maintenir la liberté individuelle, est ignominieusement traîné, et, non sans danger, entre deux chevaux presque au galop, pour expier le crime exécrable de ne pas connaître tous les exploits du général La Fayette dans notre Révolution. »

Les députés de province, venus pour la Fédération, ont compromis leur dignité d’hommes libres et de citoyens en applaudissant non pas