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L’ÉCONOMIE POLITIQUE.

sion tout opposée et qui tend à élever et à ennoblir le caractère ; celui qui les reçoit sent que son mérite est reconnu et qu’il est favorablement jugé par ceux que les pauvres estiment et respectent. De tels sentiments, en donnant plus d’activité pour le travail, y répandent de la douceur. Par ce moyen, si les secours donnés aux malheureux et les récompenses accordées aux pauvres qui les méritent marchent toujours de front, les unes feront, pour prévenir la pauvreté, autant que les autres pour la soulager.

CAROLINE.

Je fus témoin, l’été dernier, d’une manière d’améliorer le sort des pauvres laborieux, dans laquelle le système des récompenses fut très-heureusement employé. Une pièce de terre fort étendue fut divisée en jardins par un grand propriétaire du comté d’Hertford, pour ceux de ses ouvriers qui avaient des cabanes sans qu’aucune terre y fût attachée. Il leur loua ce terrain au bas prix de six deniers sterling par an pour chaque portion. Ces jardins étaient assez grands pour fournir abondamment des légumes aux familles de ces ouvriers, et pour les occuper eux-mêmes pendant leur temps de loisir. Mais ils ne l’étaient pas assez pour les distraire de leur travail journalier, et pour les tenter d’en vendre le produit. Afin d’exciter encore plus leur activité, ce même propriétaire distribue annuellement trois prix à ceux dont les jardins sont trouvés dans le meilleur état. Cette manière judicieuse de récompenser le travail a eu le bon effet de faire naître un esprit d’émulation parmi ceux de ces jardiniers rivaux, dont les possessions n’étant séparées que par un étroit sentier, sont plus faciles à comparer.

MADAME B.

C’est là sans doute un excellent plan ; les heures de loisir que ces ouvriers auraient probablement passées au cabaret sont employées à produire une provision additionnelle de bonne nourriture ; et l’argent qu’ils auraient mis à boire est mis en réserve pour un meilleur emploi. Il peut devenir le commencement d’un petit capital, et procurer avec le temps à l’ouvrier et à sa famille un certain degré d’indépendance.