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L’ÉCONOMIE POLITIQUE.

CAROLINE.

La chance de gain compense le risque de la perte ; mais apparemment qu’en tout les profits sont semblables à ceux que donnent les autres emplois du capital ?

MADAME B.

Je suis portée à croire les profits des mines un peu inférieurs au taux commun. Dans toutes les entreprises hasardeuses, les hommes sont disposés à se fier à leur bonheur, en envisageant les chances comme leur étant plus favorables que ne les donne un calcul exact. C’est ce que prouve la facilité avec laquelle ils hasardent leur argent à la loterie, quoiqu’il leur soit connu que les chances sont décidément contr’eux. Une mine est une loterie certainement plus avantageuse que celle du gouvernement, mais elle contient un nombre prodigieux de billets blancs et un petit nombre de gros lots. De grandes et vives espérances tiennent en quelque sorte lieu de gains actuels. Si cependant les profits moyens des mines venaient à tomber au point de décourager les entreprises et de diminuer la fourniture de métaux qui est requise, le prix des métaux hausserait jusqu’au point nécessaire pour ramener à cette branche d’industrie le capital qui peut suffire à la mettre en activité.

J’ai fait mention des pêcheries comme étant une source d’emploi pour les capitaux, et un moyen d’en tirer un revenu. Il y a de très-grands capitaux employés dans la pêche de la baleine, de la morue et des harengs, outre les capitaux moindres qui fournissent au pays le poisson frais. Mais comme les mers, dans lesquelles se font ces pêches, ne sont pas susceptibles de devenir une propriété particulière, elles ne donnent aucune rente. Il y a cependant quelques pêcheries considérables dans les rivières de l’intérieur, qui appartiennent à des particuliers et leur rapportent une rente, il n’y a pas moins de quarante et une différentes pêcheries de saumon sur la rivière Tweed, dont la rente est de plusieurs milliers de livres sterling par an ; et je sais que le Duc de Gordon donne à ferme une pêcherie de saumon sur la Spey, pour 7 000 liv. st. par an. Dans les pêcheries d’Écosse, il est très-commun de prendre d’un coup de filet quatre-vingts ou cent saumons. Il y a aussi en Angleterre des pêcheries de saumon considérables dans la Tyne, la Trent, la Saverne et la Tamise.