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L’ÉCONOMIE POLITIQUE.

prix de ce pain doit d’abord payer le salaire du mitron qui l’a pétri ; ensuite les profits du capital du maître boulanger qui le vend ; puis le salaire du meunier qui a moulu le blé et les profits du maître qui l’emploie ; ensuite les salaires des divers cultivateurs du champ où a crû le blé, les profits du fermier, et enfin une portion de la rente de sa ferme.

MADAME B.

Tout à fait bien. Vous voyez donc que la valeur d’une marchandise est composée de trois parties, la rente, les profite, et les salaires ; la rente du propriétaire du sol, les profits de ceux qui emploient le capital, et les salaires des divers ouvriers, qui, en rendant la marchandise utile, lui donnent une valeur ; ce qui fait qu’elle devient un objet de désir, et par-là une marchandise susceptible d’être vendue.

Il arrive quelquefois, que le propriétaire du sol, et le fermier, et l’ouvrier même, sont réunis en une seule et même personne. Nous avons vu, qu’en plusieurs endroits des États-Unis, les cultivateurs sont à la fois ouvriers et propriétaires, et perçoivent la rente, les profits et les salaires.

CAROLINE.

Et dans ce pays-ci, l’habitant d’une chaumière, qui possède un petit jardin, qu’il cultive de ses propres mains, et dont il porte au marché le produit, réunit en lui seul les fonctions de propriétaire, de capitaliste et d’ouvrier avec tous les avantages qui y sont attachés ; car il vend ses légumes au même prix qu’un maître jardinier, qui doit déduire du prix de vente la rente du jardin et les salaires des ouvriers.

MADAME B.

Mais il n’y gagne rien ; car s’il n’a point de rente à payer, c’est parce qu’il a employé son capital à acheter de la terre ; et s’il ne paie point de salaires, c’est parce qu’il travaille lui-même, et qu’il emploie son propre travail, qui, sans cela, lui aurait rapporté un salaire. Outre cela, il met un capital à acheter des outils de jardinage, des engrais, et en un mot tout ce que requiert la culture de son jardin.

CAROLINE.

Je crois que je comprends très-bien comment la rente, les pro-