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L’ÉCONOMIE POLITIQUE.

CAROLINE.

Elle conserverait son prix primitif de quatre shellings, quoiqu’elle fût réellement à meilleur marché ; car la diminution de la valeur de la monnaie contrebalancerait exactement la diminution des frais de production de la mousseline.

MADAME B.

Fort bien. Et si, au contraire, la monnaie devenait rare, en même temps que les frais de production de la marchandise diminuent ; ces deux causes agissant conjointement, au lieu de s’entre-détruire, la marchandise serait à la fois nominalement et réellement à plus bas prix.

CAROLINE.

En ce cas la marchandise tomberait de quatre shellings l’aune à deux shellings.

MADAME B.

Pour réduire encore plus le prix de la mousseline, nous pouvons supposer que l’offre surpasse la demande, au point d’obliger le fabricant à vendre au-dessous des frais de production ; de la sorte le prix pourrait tomber à un shelling ou même un demi-shelling l’aune.

Mais de toutes ces réductions de prix, celle qui provient d’une diminution dans les frais de production est la seule qui procure un avantage général. Celle qui naît de la dépréciation de la monnaie ne produit qu’un bas prix nominal ; et celle qui résulte d’un excès d’approvisionnement est décidément un mal, parce qu’elle cause des souffrances et décourage l’industrie.

CAROLINE.

Il paraît, par ce que vous venez de dire, qu’une augmentation ou diminution de monnaie dans le pays n’affecte réellement la position pécuniaire de personne ?

MADAME B.

Je vous demande pardon ; toutes les classes de la société en sont affectées, quand le changement est brusque ; parce que le juste niveau ne se rétablit pas immédiatement ; et que, jusqu’à ce qu’il soit rétabli, la gêne n’est point également répartie. Outre cela,