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L’ÉCONOMIE POLITIQUE.

MADAME B.

Je voudrais que les mères fussent assez capables de l’enseigner, pour que leurs enfants n’eussent rien à désapprendre. Si elles donnaient des leçons d’économie politique, comme mademoiselle Edgeworth dans son Histoire du Verger, personne ne croirait qu’elles fussent au-dessus de la portée d’un enfant.

CAROLINE.

Je croyais me rappeler très-bien cette histoire ; mais je n’ai pas le souvenir d’un seul mot qui s’y rapporte à l’économie politique.

MADAME B.

L’auteur a judicieusement évité de nommer cette science ; mais ce petit conte contient une exposition aussi simple que belle de la division du travail, dont vous apprécieriez mieux le mérite si vous en connaissiez l’application à l’économie politique. Vous permettriez aussi, je pense, que l’on contât aux enfants l’histoire du roi Midas, dont l’attouchement convertissait tout en or.

CAROLINE.

Est-ce aussi là une leçon d’économie politique ? Je crois, madame B., que vous avez l’art de convertir en économie politique tout ce que vous touchez.

MADAME B.

Ce n’est pas l’art, mais la nature même des choses, qui opère ce prodige. L’histoire du roi Midas fait voir que l’or ne constitue pas la richesse ; et qu’il n’a de prix, qu’en tant qu’il est en juste rapport avec les productions de la terre qui sont plus immédiatement utiles.

CAROLINE.

Mais les enfants n’en seront pas plus savants pour avoir appris ces histoires, à moins qu’on ne leur explique comment elles se lient à l’économie politique. Il faut qu’on leur donne la morale de la fable.

MADAME B.

La morale est la seule partie d’une fable que les enfants ne lisent jamais ; et en cela ils font fort bien, car un principe énoncé d’une