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L’ÉCONOMIE POLITIQUE.

CAROLINE.

Ma confiance en la valeur de ce papier serait proportionnée à celle que j’accorderais à ces négociants.

MADAME B.

C’est la vérité ; et cette confiance est le fondement de tous les établissements de banque. Ces établissements ne sont en général autre chose, qu’une association de négociants riches et respectables, en qui le public se fie au point de prendre leur promesse ou billet de banque, pour de l’argent comptant.

CAROLINE.

Un billet de banque est donc un engagement ou une promesse écrite de payer la somme qui y est spécifiée ?

MADAME B.

C’est cela. Si ces billets prennent cours comme moyen d’échange, n’ayant aucune valeur intrinsèque, ils ne sont que le signe ou le représentatif de la richesse ; mais ils sont reçus par tout le monde, dans la persuasion où l’on est qu’ils seront payés en monnaie par la banque, dès qu’on l’exigera.

CAROLINE.

Voilà certes une très-bonne invention. Quelle dépense épargnée ! L’établissement d’une banque de monnaie en papier me semble équivalente à la découverte d’une mine. Elle a même, sur une mine, cet avantage, qu’elle est infailliblement productive et qu’elle n’occasionne aucune dépense. L’invention du papier-monnaie est-elle d’une date moderne ?

MADAME B.

Je ne crois pas que l’antiquité en offre aucun vestige ; à moins que nous n’envisagions comme une invention de même genre le cuir marqué que les Carthaginois employaient comme monnaie. Comme ils avaient aussi de la monnaie métallique, il n’est pas impossible que leur cuir marqué ne fit qu’office de signe ou de représentatif de la valeur réelle, à peu près comme notre papier-monnaie.