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L’ÉCONOMIE POLITIQUE.

auquel les classes inférieures du peuple sont obligées d’acheter leur combustible, leurs chandelles, leurs épiceries et tout ce dont ils se pourvoient dans les petites boutiques ; tandis que les classes supérieures, qui peuvent acheter les mêmes choses en plus grandes masses, les ont à meilleur marché, en les prenant chez des marchands qui font des affaires moins circonscrites.

MADAME B.

Observez que, s’il n’y avait pas de petites boutiques, les classes inférieures seraient réduites à la plus extrême détresse ; or ceux qui tiennent ces boutiques ne peuvent pas vendre de petites portions de la valeur peut-être d’un denier sterling, sans être payés de la peine que leur cause un tel trafic. Jamais leurs profits ne peuvent être exorbitants, parce que la concurrence les ramènerait bientôt à leur juste mesure.

CAROLINE.

Mais en vendant de très-petites quantités à plus haut prix, ils doivent faire des profits plus forts que le taux commun ; comment accordez-vous cela avec ce niveau commun des profits dans tout emploi du capital ?

MADAME B.

En comptant tout le gain qu’ils font au-dessus des profits ordinaires du capital, comme des salaires, c’est-à-dire, comme une indemnité pour leurs travaux personnels. Plus est petit le capital qu’un homme emploie, plus est grand le rapport de ses salaires aux profits de son capital. Un homme qui vend des oranges dans les rues, a appliqué peut-être un capital de 20 ou 80 shellings à l’achat des marchandises dont il fait le commerce ; les profits de ce capital, au taux ordinaire, seraient deux ou trois shellings par an. Mais s’il ne colportait pas des oranges pour les vendre, il travaillerait comme ouvrier, et gagnerait peut-être deux shellings par jour à titre de salaire ; il faut donc que chaque homme gagne ces deux shellings par jour, ou 626 shellings par an à vendre ses oranges en sus des profits de son commerce. Tous ses gains néanmoins passent sous le nom de profits, parce que ces sortes de distinctions ne se peuvent faire qu’en théorie.

CAROLINE.

Tous les commerçants donnent leur temps et leur attention à