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L’ÉCONOMIE POLITIQUE.

être vendu à bas prix. C’est ce qui doit faire désirer qu’on ne mette au labour que de bonnes terres, et que l’on ne force pas les mauvais terrains à donner de maigres et coûteuses récoltes.

Les pays qui ont en abondance de bonnes terres et qui ne possèdent que peu de capital, ne trouvent aucune branche d’industrie aussi avantageuse que l’agriculture ; l’exportation des grains est, comme nous l’avons dit, le premier essai qu’ils font du commerce extérieur. Ainsi les États-Unis, étant un pays nouveau, encore faiblement peuplé, ont un grand choix d’excellents terrains, et produisent du blé à très-peu de frais ; en conséquence nous voyons que non seulement ils nourrissent leur propre population, mais qu’ils exportent régulièrement des grains.

Les pays anciens, tels que l’Angleterre, dont la population est trop grande pour vivre du produit de ses meilleurs sols, trouvent au contraire qu’il leur convient d’importer une portion du blé qu’ils consomment et de convertir leurs terres inférieures en pâturages. Cette pratique ne fait pas seulement baisser le prix du pain, mais aussi celui de la viande, du lait, du beurre, et du fromage, dont la quantité est augmentée par la conversion des terres à blé en pâturages. Quand les récoltes du pays sont abondantes, ces pays-là importent moins ; et plus, quand elles sont mauvaises. Par ce moyen ils proportionnent sans peine l’offre à la demande, et maintiennent le pain et les salaires constamment au même prix.

CAROLINE.

Mais, avec la dépense additionnelle du frêt et de l’assurance, pouvons-nous importer du blé d’Amérique à meilleur marché que nous ne pourrions le produire chez nous ?

MADAME B.

Dans les années ordinaires nous le pouvons certainement ; mais non au prix actuel du blé.

CAROLINE.

Et croyez-vous que le bas prix actuel du blé, et l’état de détresse de l’agriculture soient dus à ce que l’on produit trop de blé dans le pays ?

MADAME B.

Je ne doute nullement que ce n’en soit une des causes ; mais elle