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L’ÉCONOMIE POLITIQUE.

trouvent qu’il leur convient de donner quelque chose de plus que le montant de la lettre, plutôt que d’envoyer de l’or en Russie. Ce que l’on donne de la sorte pour une lettre de change, au delà du montant de cette lettre, s’appelle une prime, et notre change avec la Russie est dit en ce cas défavorable, ou au-dessous du pair.

CAROLINE.

C’est-à-dire, qu’un homme qui doit une somme d’argent à la Russie doit donner pour la payer quelque chose de plus que le montant de sa dette ?

MADAME B.

Oui ; et la grandeur de la prime dépend manifestement du degré de rareté des lettres de change.

CAROLINE.

Le change, j’imagine, ne peut jamais tomber au-dessous de ce qu’il en coûterait pour transporter l’or en Russie ; car comme nos marchands ont l’option de payer en lettres ou en argent, si la prime sur les lettres était plus grande que la dépense d’envoyer de l’argent, ils préféreraient ce dernier mode de paiement.

MADAME B.

Sans doute ; et comme la dépense d’envoyer de l’or en différents pays varie selon la distance et la facilité ou la difficulté des communications, le change favorable ou défavorable avec ces pays-là variera en conséquence.

CAROLINE.

Mais la prime donnée pour les lettres de change n’empêche pas, après tout, qu’il ne faille payer le solde de la dette en or ; elle ne fait qu’éloigner la difficulté en la renvoyant d’un individu à l’autre : car finalement, les marchands qui ne peuvent point obtenir de lettres de change sont bien forcés d’envoyer de l’argent en paiement.

MADAME B.

Je vous demande pardon ; un change défavorable se corrige lui-même en grande partie : mais ceci, il est vrai, demande quelque explication. Il y a une classe de négociants qui font leur occupation