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L’ÉCONOMIE POLITIQUE.

de trafiquer en lettres de change ; c’est-à-dire, de les acheter là où elles sont abondantes et à bon marché, et de les vendre où elles sont rares et chères. Ainsi les lettres de change deviennent un article de commerce comme l’or, comme toute autre marchandise. Il arrive donc, lorsque les lettres de change anglaises sur la Russie sont rares, que ces négociants achètent les lettres tirées sur la Russie par d’autres pays, et en garnissent le marché anglais.

CAROLINE.

Mais quand les lettres anglaises sur la Russie sont rares, il peut arriver qu’il n’y ait point un surplus de lettres sur la Russie dans les autres pays pour en fournir à l’Angleterre.

MADAME B.

En général quand il y a un déficit de lettres sur la Russie en un lieu, il doit y en avoir un surplus en quelque autre lieu ; car, quoique les exportations et importations de la Russie avec un pays particulier puissent être inégales, la totalité de ses exportations et importations doit à peu près se balancer ; la raison en est que, s’il y avait un excès constant d’importations, la Russie serait épuisée de numéraire ; que, si au contraire, il y avait excès d’exportations, l’argent s’y accumulerait et la monnaie y perdrait beaucoup de sa valeur. Il faut donc qu’à la longue les marchandises achetées par la Russie égalent en valeur celles qu’elle donne en échange ; en sorte que s’il y a un solde dû à la Russie par un pays, il doit y avoir un solde dû par la Russie à quelque autre pays. Par conséquent les lettres de change tirées par la Russie sur tous les pays étrangers, et celles que les pays étrangers tirent sur elle, doivent se balancer. C’est l’affaire des négociants en lettres de change de découvrir où ces lettres abondent et où elles manquent, afin de les acheter d’un côté et de les vendre de l’autre.

CAROLINE.

Si donc les marchands de lettres de change au lieu de garnir le marché anglais de lettres sur la Russie, achetaient le surplus des lettres de la Russie sur l’Angleterre, cela produirait également l’effet de payer la dette de l’Angleterre à la Russie.

MADAME B.

Précisément. Dans notre commerce avec l’Italie, par exemple,