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L’ÉCONOMIE POLITIQUE.

nous importons en Angleterre une grande quantité de soies, d’huile d’olive, et d’autres articles variés ; tandis que nos exportations, qui consistent en produits de nos manufactures, ne montent qu’à de fort petites sommes. Le change en conséquence deviendrait si défavorable, que nous serions réduits à la nécessité d’exporter de l’or pour payer le surplus de nos importations, si les banquiers ou marchands de lettres de change ne venaient à notre secours. Cette classe utile de commerçants achète le surplus des lettres de l’Italie sur l’Angleterre, et les envoie vendre en Allemagne, en France, en Espagne, et partout ailleurs où il y a un déficit de lettres sur l’Angleterre, et où par conséquent elles se vendent avec bénéfice.

CAROLINE.

Ainsi c’est l’Allemagne, la France et l’Espagne qui acquittent notre dette à l’Italie.

MADAME B.

Oui, pourvu que ces pays-là soient nos débiteurs ; autrement vous comprenez qu’ils n’achèteraient pas les lettres tirées sur nous.

CAROLINE.

Il semble que ces opérations devraient prévenir toutes les fluctuations du change et le maintenir constamment au pair.

MADAME B.

Si les opérations des banquiers, ou marchands de lettres de change, pouvaient se faire avec la même célérité et la même régularité que celles des caissiers de la ville de Londres, qui s’assemblent chaque jour, après l’heure des affaires, pour régler leurs comptes respectifs, elles pourraient avoir l’effet que vous supposez. Mais les spéculations des banquiers embrassent une si vaste enceinte, et tant de circonstances, tant d’événements politiques, influent sur les chances, qu’il n’est pas au pouvoir de la prudence et de la prévoyance humaines d’en prévenir les variations.

CAROLINE.

Arrive-t-il donc souvent que les commerçants soient réduits à la nécessité d’envoyer au dehors de l’argent en paiement des marchandises étrangères ?