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L’ÉCONOMIE POLITIQUE.

CAROLINE.

Toutes ces circonstances réunies doivent presque entièrement prévenir le besoin d’envoyer de l’argent pour balancer les comptes ?

MADAME B.

Presque entièrement, à ce que je crois, excepté avec les pays, qui, ayant des mines à eux, peuvent être envisagés comme produisant les métaux précieux. Si l’Espagne et le Portugal retenaient chez eux tout l’or et l’argent qu’ils retirent de leurs mines, ces métaux y perdraient tellement de leur valeur, qu’aucune loi ne pourrait empêcher qu’on ne les transportât en d’autres pays où leur valeur serait plus grande. Ce serait l’article d’exportation qui donnerait les plus gros profits aux marchands espagnols ou portugais, lorsqu’ils l’enverraient en paiement des marchandises importées chez eux. Aussi voyons-nous que ces pays-là fournissent l’or et l’argent à l’Europe, comme nous lui fournissons les productions de nos colonies des Indes Occidentales, le café et le sucre. Nous avons vu, dans un précédent entretien, comment les métaux précieux se sont répandus chez toutes les nations civilisées ; et comment partout la quantité en a été si bien proportionnée à la demande, que la valeur n’éprouve aucune variation, si ce n’est la petite différence qui résulte des frais de transport des mines aux divers lieux où l’on en fait usage.

CAROLINE.

Mais n’ai-je pas ouï dire que le change était fort au-dessous de ce qu’il en coûterait pour envoyer l’argent au dehors ?

MADAME B.

Il est vrai ; mais je crois que c’est l’effet d’une cause toute différente, qui a sur le change une grande influence nominale. Nous avons eu occasion d’observer qu’une dépréciation dans la valeur de la monnaie courante d’un pays y élevait le prix de toutes les marchandises. Soit que cette dépréciation provienne d’une augmentation inutile de la quantité de la monnaie, ou d’une altération de la monnaie, ou de toute autre cause, l’effet en question en est infailliblement la suite.

Supposons que la monnaie courante d’Angleterre soit dépréciée de 25 pour cent ; c’est-à-dire, qu’une somme valant 100 liv. sterl.