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L’ÉCONOMIE POLITIQUE.

sont conformes aux préceptes de la plus pure morale. Loin de provoquer un désir déréglé de richesse ou de puissance, ils tendent à modérer une ambition inquiète, en montrant que les vrais moyens d’accroître la prospérité nationale sont la paix, la sécurité et la justice ; que la jalousie n’est pas moins préjudiciable aux nations qu’aux individus ; que chacune d’elles trouve son avantage dans une réciprocité de services et de profits ; et que loin de s’enrichir aux dépens les unes des autres, elles s’entr’aident mutuellement par un système de commerce libéral. L’économie politique en particulier est ennemie des passions d’envie, de jalousie, de malignité, et si jamais la paix et la modération deviennent florissantes sur la terre, c’est aux vues éclairées de cette science que nous devrons un tel miracle.

Mais, ma chère Caroline, je soupçonne qu’il y a quelque méprise dans l’idée que vous vous faites de la richesse.

CAROLINE.

Être riche est clairement avoir un grand revenu ; être en état de soutenir une beaucoup plus grande dépense que d’autres.

MADAME B.

Vous parlez de la richesse des individus, d’une richesse comparative. Un homme riche dans une certaine classe de la société pourrait être pauvre dans une autre. Ce n’est pas là l’espèce de définition que nous cherchons. Qu’entendez-vous par la richesse en général ; en quoi consiste-t-elle ?

CAROLINE.

Ah ! je suppose que c’est de l’argent que vous voulez parler. Je pourrais donc dire que l’or et l’argent sont ce qui constitue la richesse.

MADAME B.

Songez à l’état où se trouverait un pays, qui n’aurait d’autre richesse que ces métaux. Vous souvenez-vous du cas que faisait Robinson Crusoé de son sac d’or, quand il fit naufrage dans une île déserte ?

CAROLINE.

C’est vrai : mais dans une île qui n’est pas déserte, l’argent achète tout ce dont on a besoin.