Page:Marcet - L’économie politique en vingt-deux conversations, 1837.pdf/339

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
327
SUR L’ÉCONOMIE POLITIQUE

de les ramener dans leur pays. À la fin du troisième jour, un matelot cria du haut d’un mât : Terre ! terre ! et peu après ils descendirent sur le rivage et entrèrent dans ce pays que depuis on a nommé l’Amérique. Il a été écrit tout un livre sur cette découverte ; on le dit fort intéressant.

— Ce Christophe Colomb, avec son nom si difficile à prononcer, était un hardi compagnon, et la vieille Angleterre doit s’en glorifier.

— Christophe Colomb n’était pas anglais ; son nom seul aurait dû te le faire soupçonner.

— Comment donc ? Il n’était pas anglais ! et un étranger a pu accomplir ce qu’un marin anglais n’avait osé entreprendre ?

— Je ne le croirais pas, reprit John, si je ne le savais de très-bonne part ; mais nous devons nous rappeler que nous sommes tous les enfants d’un même père, anglais ou étrangers, protestants ou catholiques, juifs ou païens, ainsi que nous l’apprend la parabole du bon Samaritain, que Patty nous lisait l’autre jour : il était étranger parmi les Juifs, et cependant il fut meilleur qu’eux.

— Y a-t-il d’autres pays où l’on puisse aller comme en Amérique ?

— Oui ; mon frère Bob m’a dit qu’il y en avait plusieurs, entre autres un où il aborda lors de ses grands voyages, et qu’il déclare être un vrai paradis. Le climat y est doux, les points de vue ravissants, et l’on y trouve en abondance toutes sortes de choses, telles que du poisson, de la viande, de la volaille, des fruits, des légumes. Eh bien ! malgré cela, femme, ce pays ne te plaira jamais.

— Pourquoi donc, je te prie ?

— Parce que c’est là qu’on envoie les criminels condamnés à la déportation. Cependant cela n’ôte rien au mérite d’un si beau pays, et Bob dit qu’on y est trop heureux de pouvoir prendre à son service quelques-uns de ces déportés, les ouvriers et les domestiques y étant très-rares.

— Dieu me soit en aide ! s’écria madame Hopkins ; je croirais toujours qu’ils vont m’assassiner.

— Les femmes ont toujours de sottes imaginations. Tu y serais bientôt habituée ; il n’y a d’ailleurs aucun danger, parce que ceux qui sont indisciplinés sont enchaînés et surveillés continuellement