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LES ENFANTS

gilance et qu’on s’habitue à des faiblesses et à des concessions dangereuses.

Car il faut bien prendre garde que pour ces êtres mignons dont la volonté se manifeste si prématurément, on ne peut user trop tôt de fermeté et de méthode.

À cet âge tendre, du reste, l’instinct primant la raison, ils se font tout naturellement à un système. Si l’on accoutume, par exemple, les enfants à ne manger qu’à de certaines heures fixes sans exciter leurs convoitises en dehors de ces heures, leur traditionnelle gourmandise sommeillera indéfiniment.

Cette règle éminemment hygiénique a aussi sa portée morale.

En même temps qu’elle fait des gaillards à l’estomac solide, elle donne du ressort au caractère.

Quelle énergie, quelle sobriété, quelle retenue peut-on attendre d’un sujet dont l’enfance n’a été qu’un gavage continuel et qui n’a eu pendant des années, pour objet, pour récréation, pour récompense que la satisfaction un peu bestiale d’une gourmandise démesurée ?