Page:Marchant de Beaumont - Manuel et itinéraire du curieux dans le cimetière du Père la Chaise.djvu/131

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

du malheur, est-il repoussé du sol de la patrie, il manque de force pour supporter l’infortune, parce qu’il avait manqué de vertu dans la prospérité ; sa raison s’altère ; sa santé succombe ; il ne peut vivre, il périt ; les portes de la France lui sont ouvertes, il se précipite dans son sein ; il embrasse ses amis, sa famille, il meurt ; il n’avait plus même la force de soutenir un instant de bonheur ! Quelle leçon pour l’ambition ! Je ne saurais lire sans la plus vive émotion ces vers tracés sur sa tombe par l’auteur de Régulus :

Français, de son dernier soupir
Il a salué la patrie :
Le même jour a vu finir
Ses maux, son exil et sa vie.

Quelle distance de cet ambitieux aux anciens conseillers d’état Laumond et Lescallier, maintenant ses voisins dans la tombe ? Ils rendirent des services immenses dans de hautes fonctions ; ils ne devinrent pas riches, mais ils méritèrent l’estime universelle par un bel emploi de leurs talens, par leur probité sans tache. Les vicissitudes de la fortune les trouvèrent forts, parce qu’ayant toujours suivi le chemin de l’honneur et du devoir, leur conscience ne leur fit aucun reproche. La considération publique les accompagna dans la retraite ; elle les suivit dans la tombe.