Page:Marchant de Beaumont - Manuel et itinéraire du curieux dans le cimetière du Père la Chaise.djvu/133

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lation lumineuse comblerait un jour tous ses vœux. Sur cet aventureux horoscope, lui-même, à seize ans, se trace une route de fortune qui fut la sienne. La gaîté de son esprit, le charme de sa conversation délicate et polie, la fécondité de son imagination produisant sans cesse d’heureuses saillies, un talent malin pour saisir chez autrui le moindre ridicule, lui valurent des succès de salon. En même temps il cultivait les arts, il maniait la plume, il savait agréablement tourner des vers de société : c’était un homme charmant. Ses liaisons avec les actrices du Théâtre-Français lui firent concevoir la pensée de composer une pièce dont le titre fut le Bon Père. Lekain dit, le jour de sa première représentation : « C’est la comédie de ce jeune auteur couleur de rose, que nos dames ont reçue. » Ses succès de coulisses satisfaisaient la vanité du jeune Denon, mais non pas son ambition ; son regard pour accomplir son horoscope se dirigeait toujours vers la cour. Comment y parvenir ? Denon recherchait avidement les occasions d’approcher de Louis XV. Il ne manquait jamais de se rendre à Fontainebleau lors des voyages d’automne. Le Roi le remarqua, le fit approcher de sa personne, lui demanda ce qu’il désirait. « Vous voir, Sire, répond le jeune homme. — Quoi, lui dit le Roi, tu n’as rien à me demander, tu ne dé-