Page:Marchant de Beaumont - Manuel et itinéraire du curieux dans le cimetière du Père la Chaise.djvu/139

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fois le modérateur des beaux-arts en France et le Mécène des artistes ; poste difficile, dans lequel une impartiale équité devait égaler la justesse du sentiment du beau, pour distinguer dans un talent naissant les qualités par lesquelles ses travaux pourraient briller un jour ; accorder toujours les récompenses au vrai mérite, et jamais, sous leur nom, distribuer des faveurs ; choisir dans les plans les plus parfaits ; repousser les conceptions de la médiocrité, indignes des monumens publics ; conserver le bon goût, l’épurer ; encourager le génie en le laissant s’avancer libre et fier, peignant la nature, les sentimens des passions, les actions des mortels, les travaux des héros dans une vérité toujours parfaite et conforme aux règles immuables du goût. Quelles fonctions ! Mais la France possédait dans ce temps les maîtres qui venaient de régénérer son école, dont d’illustres élèves suivaient les traces par d’illustres succès. L’unique soin du directeur des beaux-arts était de se montrer juste. Le sentiment exquis d’un public sévère, dont le goût s’était formé par son admiration pour les chefs-d’œuvre qu’il voyait briller dans les galeries du Musée, lui aurait rarement permis d’être partial ; car l’opinion publique n’aurait jamais manqué de réformer son arrêt. Peut-être reprochera-t-on à cette époque de l’art d’avoir