Page:Marchant de Beaumont - Manuel et itinéraire du curieux dans le cimetière du Père la Chaise.djvu/164

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

à ces réflexions, on voit, en s’avançant, les cryptes des familles Lemoine, Poitevin, Millot et Braillon, Lafitte, Renet, Guillaume, enfin de M. le comte Lanjuinais, pair de France.

Cet homme d’une vertu austère, d’un courage constant, d’une fermeté inébranlable dans ses principes, religieux par conviction, profondément savant, ennemi de toute licence, mais dévoué aux libertés publiques, ne désira, durant sa vie entière, que le bonheur de son pays. Ce vœu de son cœur fut l’unique mobile de sa conduite politique. Toujours il combattit tout ce qui lui parut contraire à la vérité, à la sagesse, à la justice. Né dans la province de Bretagne, son esprit s’indigna d’y voir rabaissement du tiers-état sous le joug des ordres privilégiés ; il considérait dans les hommes les enfans d’un même père, tous appelés aux mêmes droits par leurs vertus, par leurs talens, par leur instruction, par leurs travaux, par leurs lumières, devant lesquels devaient s’ouvrir toutes, les carrières, sans aucun obstacle produit par l’inégalité chimérique de la naissance. Tout despotisme lui était odieux, parce qu’il substituait une volonté arbitraire et toujours vacillante, au règne équitable de lois justes, sages, réfléchies, solennellement promulguées. Toute inégalité dans l’impôt était à ses yeux une injustice, parce que la même richesse, la même