Page:Marchant de Beaumont - Manuel et itinéraire du curieux dans le cimetière du Père la Chaise.djvu/170

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remplir son mandat, il songe à conserver ses jours pour son pays ; il trompe la vigilance de son gardien et lui échappe. Mis hors la loi, il court mille dangers en se rendant à Rennes, dans sa propre maison, où, pendant dix-huit mois, il ne sort pas d’un réduit où le tenaient caché, au péril de leur vie elle-même, sa mère avec une servante fidèle. Long-temps après le 9 thermidor, il reparut dans la Convention pour y montrer le même courage, le même esprit de justice, la même modération. Souvent il parla avec force en faveur des prêtres déportés, des parens d’émigrés et de la liberté des cultes. La vertu de Lanjuinais reçut enfin la seule récompense capable de flatter son âme noble et élevée : lors de l’élection du Corps législatif, par lequel fut remplacée la Convention, il fut appelé au Conseil des anciens par le suffrage de soixante-treize départemens. Peu jaloux de la faveur des hommes du pouvoir, il combattit toutes les mesures révolutionnaires : celle qui excluait du Corps législatif les parens d’émigrés ; celle qui privait les pères et mères des biens qui devaient échoir à leurs enfans émigrés ; celle qui attribuait au Directoire la radiation de la liste des émigrés ; toujours il se montrait sur la brèche pour s’opposer à la moindre injustice. Quand Bonaparte se fut placé, à Saint-Cloud, à la tête du gouvernement français,