Page:Marchant de Beaumont - Manuel et itinéraire du curieux dans le cimetière du Père la Chaise.djvu/195

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titude, comme l’un des champions du despotisme, sinon le plus ardent, au moins fort spirituel. Devenu législateur, président du Corps législatif, grand-maître de l’Université, comte, sénateur, son talent flexible s’évertua dans ces diverses qualités à produire de nouveaux complimens de cour ; la paix, la guerre, les victoires, le retour périodique de la nouvelle année, l’anniversaire d’une naissance furent le sujet d’éloges non sans fadeur, mais au moins d’une tournure d’expressions délicates, dont jamais ne manqua sa rhétorique obséquieuse. Cependant l’esprit ne saurait sur le même sujet produire toujours du neuf. Le roi Louis XVIII, contre l’attente de tous les panégyristes de Bonaparte, vint s’asseoir sur le trône de ses pères ; M. le comte de Fontanes devait complimenter S. M. très-chrétienne, comme grand-maître de l’Université ; or, par une incroyable fatalité, son imagination, si féconde, reproduisit dans son discours précisément les mêmes promesses et les mêmes vœux[1] qu’il avait lui-même adressés deux ans auparavant à celui qui pour

  1. Voici ces phrases remarquables : Discours à S. M. Napoléon. (Moniteur du 26 décembre 1812.) « L’Université se félicite de porter au pied du troue les hommages et les vœux d’une génération entière qu’elle instruit dans ses écoles à vous servir, à vous aimer. » Discours à S. M. Louis XVIII. (Moniteur du 4 mai 1814.) « L’Université vous parle au nom des enfans qui vont croître pour vous servir et vous aimer. »