Page:Marchant de Beaumont - Manuel et itinéraire du curieux dans le cimetière du Père la Chaise.djvu/198

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rysthène et rejoint les Français au travers des bataillons qui le devaient écraser par leurs masses pressées. C’était encore pour se surpasser lui-même lorsque l’admiration unanime venait de lui décerner le titre de brave des braves. La Bérésina se présente ; une triple barrière de légions ennemies garde ses bords. L’armée semble n’avoir plus de salut ; les plus intrépides frémissent en ne voyant devant eux que l’esclavage ou la mort ; lui-même ne voit plus devant soi ni lendemain ni patrie ; son intrépidité n’est pas même ébranlée par le péril imminent et terrible : « C’est ici qu’il faut mourir, dit-il à ses soldats ; mais souvenons-nous que nous ne devons laisser ici que la vie. » Il part ; cette triple barrière est forcée, le passage est ouvert, les débris de l’armée sont sauvés. Quand les malheurs de Napoléon sous Paris eurent épuisé pour lui les ressources et les forces de la France, Ney fut le plus ardent à le contraindre d’abdiquer une couronne devenue sur sa tête funeste à la patrie ; il paraît s’être fait pour toujours un irréconciliable ennemi de celui qui avait fait grandir sa fortune à l’égal de sa vaillance ; non-seulement il semble se soumettre parfaitement, mais l’antique maison de Bourbon doit croire ne pas avoir de serviteur plus ardent. Napoléon sort de l’île d’Elbe ; le roi remet au maréchal Ney la défense du trône et le sort de