Page:Marchant de Beaumont - Manuel et itinéraire du curieux dans le cimetière du Père la Chaise.djvu/222

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sépulcre commun de sa mère et de sa femme.

Les noms de La Fontaine et de Molière se suffisent pour consacrer à la gloire les monumens où leurs restes sont déposés ; mais en les considérant enclos dans de si chétives demeures, tandis que l’opulence fait litière de marbre, de dorure, de sculpture sur les tombeaux de cette enceinte, je me demande si les Français possèdent réellement quelque respect pour la mémoire des grands hommes, l’honneur de leur nation, l’honneur du genre humain lui-même. Un sarcophage surmonté d’une croix me montre le sépulcre profond dans lequel gît son éminence monseigneur le cardinal Lattier de Bayanne, dans un voisinage pour lui fort étrange, car Molière se contenta de prendre le nom de son Tartufe dans l’antichambre du nonce du pape, La Fontaine se prosternait devant la double principauté de M. le cardinal de Bouillon, prince par sa naissance, prince par le choix du pape ; et M. le cardinal de Bayartne, maintenant dans le cimetière, est devenu l’égal du dernier d’entre ceux qui y sont comme lui ensevelis dans la poussière ; cependant encore il s’y retrouve au moins près de quelques-uns de ses égaux d’autrefois siégeant comme lui sur les bancs de la pairie de France. Assez proche, repose M. le comte Vernier, homme humain, excellent, éclairé, paisible, dont, la prévision ne fut pas sans doute assez