Page:Marchant de Beaumont - Manuel et itinéraire du curieux dans le cimetière du Père la Chaise.djvu/229

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dit-on. Quoi ! cela est vrai ! Prêter lorsqu’on est vivant, à faire parler de soi, parce que l’on se sera préparé d’avance une demeure mortuaire d’une hauteur que personne ne saurait dépasser, est pour l’esprit humain d’une bizarrerie singulière. Cela est au mieux si la hauteur à ce monument est égale à sa vertu ; car, s’il en manquait, il y demeurerait écrasé sous le poids d’une vanité insigne.

Parvenu sur le sommet, la curiosité inviterait à visiter, sur la gauche, des tombeaux magnifiques : il convient de ne pas les considérer dans ce moment, afin de parcourir la partie nord-est du plateau, sur laquelle les étrangers se plaisent davantage à réunir leurs cendres. Une allée droite y conduit en s’avançant vers une salle de tilleuls couvrant de leur ombrage la sépulture de mademoiselle Rivière, jeune vierge, morte âgée seulement de quatorze ans. Dès l’entrée de ce chemin je vois à ma droite le tombeau de madame la comtesse de Bruges (39e div.) ; un peu au-delà à ma gauche, la tombe de M. le prince de Masserano, grand d’Espagne ; ma vue se porte promptement vers un petit temple de marbre de Carrare soutenu par huit colonnes supportant une coupole, surmontée d’une croix. Sous son abri s’élève sur un piédestal un vase cinéraire consacré, par les Espagnols réfugiés en France,