Page:Marchant de Beaumont - Manuel et itinéraire du curieux dans le cimetière du Père la Chaise.djvu/63

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culte que recevait la cendre des mortels dans leur dernier asile, quelques familles les honoraient presqu’en secret : l’esprit public n’était pas encore venu inspirer à la société tout entière le feu d’un zèle ardent pour vénérer ses proches dans la nuit des tombeaux. Il commença de faire sentir son influence en 1813, où deux cent-quarante-deux tombeaux furent érigés ; il s’augmenta l’an 1814, où l’on en vit cinq cent neuf ; il s’accrut l’an 1815, où six cent trente-cinq monumens ou pierres tumulaires sortirent de terre. Dans ces deux dernières années, le luxe se servit du marbre pour construire les monumens de madame Guyot, de M. Lenoir-Dufresne, de M. Lefebvre, négocians. On vit s’élever la pyramide Clary ; creuser dans le flanc de la colline le caveau de la famille Delespine ; construire la maison mortuaire de la famille Poreet ; le tombeau de l’abbé Delille consacra son bosquet. Cependant il n’existait encore, le 31 décembre 1815, que mille huit cent soixante-dix-sept tombeaux ou pierres tumulaires dans l’enceinte funéraire du P. La Chaise, et maintenant on y compte trente mille monumens funèbres ou pierres tumulaires, dont l’érection a coûté de treize à quatorze millions. Examinons les causes de ce grand changement dans les mœurs publiques, elles sont dignes d’être observées par la sagesse.