Page:Marchant de Beaumont - Manuel et itinéraire du curieux dans le cimetière du Père la Chaise.djvu/68

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seau de la mort, des têtes de contrition, des croix de toutes les formes, des couronnes de chêne et de myrte, des boutons de roses, des pensées au triste souvenir, le pélican nourrissant ses petits de son sang, l’humble pierre tumulaire au pied du mausolée superbe, le granit cédant avec peine au marteau près du marbre le mieux poli, l’image d’hommes illustres près de la figure d’un personnage inconnu, le marbre briller sur plus de mille tombeaux, la fonte façonnée en monumens funèbres, une cabane de chaume servir à une mère pour abriter les restes de son fils ; enfin il exista une telle variété dans la forme et l’ordonnance des trente mille monumens ou pierres tumulaires de cette enceinte, que l’on y compte cent cinquante-neuf genres de petits tombeaux, tandis que dans plus de six cents mausolées ou maisons mortuaires il n’y a rien d’absolument pareil. Cependant toutes les productions des arts ne sont pas dignes d’être admirées dans ce lieu funéraire ; le bizarre, la laideur, la difformité s’y montrent près de la beauté, de l’élégance ; leurs défauts eux-mêmes font apprécier tout le prix de ce qui est véritablement beau, admirable, parfait. Ainsi le désordre produit quelquefois le sublime ; l’art emploie les ombres pour donner plus d’éclat à ses effets magiques : le grand artisan du monde, rapproche souvent