Page:Marco Polo - Le Devisement du monde, 1556.djvu/181

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

ſans le pays y pouvoient aller & de jour & de nuict en grande seureté, & sans crainte d’homme vivant. Aussi le Roy estoit fort debonnaire, & charitable envers les pauvres, & ne delaissoit jamais ceulx qui estoient en urgente necessité, ou souffreteux & indigens. Oultre par chacun an il retiroit & amassoit grand nombre d’enfans exposez, & qui estoient delaissez & abandonnez de leurs meres, lesquelz quelquesfois revenoient jusques au nombre de vingt mil, qu’il faisoit nourrir & entretenir a ses despens : Car en ce pays les pauvres femmes communement dejectent & abandonnent leurs enfans, affin qu’ilz soient receuz & nourriz par autres. Toutesfois des enfans que le Roy faisoit ainsi recueillir, il en departoit aux plus riches & plus apparens de son royaume, mesmement a ceulx qui n’avoient point d’enfans, & leur commandoit les adopter & recevoir pour leurs enfans. Et au regard de ceulx qu’il eslevoit & entretenoit, il les marioit par apres aux filles de mesme condition, & qui semblablement avoient esté des leurs enfance abandonnées de leurs parens, & leur bailloit quelque revenu pour eulx vivre & entretenir.


Comment Baiam chef de l’armée du grand Cham conquesta la province de Mangi
Chapitre     LIIII.



En l’an de nostre salut mil deux cens soixantehuict, le grand Cham Cublai estant affectionné de joindre a son empire la province de Mangi, la conquesta & assubjectit a sa seigneurie en ce-