Page:Marco Polo - Le Devisement du monde, 1556.djvu/261

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

(dont y en à au pays grand nombre de proche en proche) on nourrist des chiens destinez & usitez a cest office : & par ce moyen un marchand peult facilement entrer avant dedans le pays : mais on ne charge pas beaucoup ces traisneaux, car les chiens ne pourroient pas tirer de ces lieux plus grand fardeau que le marchant, le chartier, & quelque balle de peaux : a ceste cause il fault que chacun jour un marchand change de chiens, de chariot & chartier, jusques a ce qu’il parvienne aux montaignes ou se faict la traffique des peaulx.


De la region tenebreuse.       Chap.   XLIX.



Il y à encores une autre contrée, qui tire bien plus avant & interieurement dedans le Septentrion, & laquelle a mon jugement est la derniere contrée habitée vers le Nort, & l’appellent le pays d’obscurité, par ce que la plus grande partie de l’année le soleil n’y luist, & ne si apparoist aucunement : & lors les tenebres y sont seulement de nuict, mais de plein jour : l’air y est tenebreux comme lon voit par deça entre chien & loup. Les habitans du pays sont beaux hommes grandz & corpulentz, mais fort palles. Ilz n’ont aucun Roy ou seigneur, auquel ilz prestent obeissance, mais vivent comme bestes, faisans tout ce qui leur vient a plaisir, n’ayans aucun soing ne observation de civilité ou honnesteté. Or les Tartares qui sont leurs voysins souventesfois vont faire des courses