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LXVIII
Des villes de Quelinfu et Unquen.


Après avoir fait les six journées dont nous avons parlé, on vient à une ville nommée Quelinfu, qui est grande et considérable, bâtie sur le bord d’une rivière qui passe près des murailles. Il y a sur cette rivière trois ponts de pierre ornés de colonnes de marbre très magnifiques ; ces ponts ont huit pas de largeur et mille de long. Cette ville a en abondance de la soie, du gingembre ; les hommes et les femmes y sont beaux. On y trouve des poules qui ont du poil au lieu de plumes, comme les chats ; leur poil est noir, mais elles pondent de fort bons œufs. Et parce que ce pays-là est rempli de lions, les chemins y sont fort dangereux. À quinze milles de cette ville, on en trouve une autre nommée Unquen ; il croît dans son territoire quantité de sucre, que l’on transporte à la cour du Grand Khan, c’est-à-dire à la ville de Cambalu.

LXIX
De la ville de Fugui.


À quinze milles plus loin on rencontre la ville de Fugui[1], qui est la capitale et l’entrée du royaume de Concha (Fo-Kien), qui est un des neuf royaumes compris dans la province de Mangi. Il y a dans cette ville une très forte garnison pour défendre la province et les autres villes et pour réprimer les séditieux qui voudraient se rebeller contre l’empereur. Il passe à travers cette ville une grande rivière qui a bien un mille de largeur (le fleuve Min-Kiang) ; et parce que cette ville n’est pas fort éloignée de la mer Océane, il s’y

  1. Fou-tcheou, ville maritime, dont l’arsenal a été détruit, en 1884 par la flotte française, sous les ordres de l’amiral Courbet.