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Page:Marcoy - Scènes et paysages dans les Andes, 1.djvu/425

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du tampu et n’attendaient que l’ordre d’Ollantay pour marcher sur Cuzco.

À la nouvelle de ces préparatifs de guerre, Tupac, tremblant pour la sûreté de son trône, allait envoyer au cacique rebelle des hérauts chargés de négocier un accommodement, quand un des généraux de l’empereur s’avisa, pour étouffer cette révolte naissante, d’un stratagème qui réussit à merveille. Ce cauteleux Indien, appelé Rumiñahui, franchit, par une nuit de lune, les murs du palais des Vierges, et s’introduisit jusque dans la dernière cour du gynécée. Les prêtresses du Soleil, épouvantées de ce trait d’audace, ameutèrent par leurs cris les gardiens de nuit, qui s’emparèrent de Rumiñahui et le conduisirent devant le Villacumu, qui faisait aussi les fonctions de juge. La législation péruvienne punissait de mort quiconque avait osé toucher aux vierges du Soleil, et le châtiment atteignait le coupable jusqu’à la seconde génération. Quant à la femme, sa complicité une fois établie, les statuts de 1042 la condamnaient, comme les vestales romaines, à être enterrée vive. Rumiñahui, interrogé sur les motifs de ce sacrilége, répondit que la curiosité de voir de près les riches lambris de l’édifice, l’avait poussé à en escalader les murs ; qu’au reste, n’ayant parlé ni touché à aucune des vierges, il ne pouvait sans injustice être condamné à mort. La sentence du profanateur fut commuée en effet en une flagellation