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ÉPISODES BÉDOUINS

même pas me dire si le groupe voyageait par terre ou par mer, et cette stupidité me fit craindre de m’adjoindre un tel guide. Mais je n’abandonnai pas pour cela mon idée. Le hasard voulut que Sattam vînt me voir dans l’après-midi avec sa suite dans laquelle se trouvait un certain Soleiman, Nedjien qui avait servi aux méharistes de Palmyre. Je l’avais souvent rencontré sous la tente des Bédouins et j’avais songé parfois à le prendre pour guide pour un voyage au Nedj, mais divers chefs me l’avaient déconseillé. On ne peut écouter tout le monde, et en raccompagnant Sattam à la porte je posai la main sur l’épaule de Soleiman et lui dis : « Reste, j’ai à te parler. »

Nous nous trouvons alors en tête à tête et je questionne :

— Désires-tu toujours retourner dans ta tribu d’Oneiza ?

Il répond paisiblement :

— Depuis dix ans, j’ai chaque jour le désir de revoir ma tribu, mais l’argent me manque pour aller si loin.

Je continue, voyant une issue favorable à cette conversation :

— Écoute, je voudrais traverser toute l’Arabie et aller voir ton pays, veux-tu m’accompagner ? Tu m’amèneras dans ta famille, quels parents as-tu encore là-bas ?

— Mon père et ma mère sont à Oneiza avec deux de mes sœurs et un petit frère. J’ai une autre sœur mariée avec un pêcheur de perles aux îles Bahrein, dans le golfe Persique.

— Eh bien, nous irons pêcher la perle.

— Jamais le roi Ibn Séoud ne te laissera entrer dans le Nedj.

— Tu diras que je suis de ta famille ; voilée, ha-