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LE MARI PASSEPORT

— Je veux te protéger, on a signalé des rezzous dans la région.

— Je n’ai pas peur des rezzous.

— Moi, j’en ai peur pour toi.

— Je suis seule à en juger.

Voyant la dispute s’éterniser et sentant qu’il y a des ordres donnés, je comprends qu’il faut trouver un autre stratagème. Car, dussé-je déclarer la guerre à toute la garnison de Palmyre, je partirai…

Un nouveau plan se forme dans mon esprit. J’aurai, cette fois, l’aide active de mon mari. Il est irrité par les procédés autocratiques du colonel Coltard. Il partira avec son fusil, soi-disant pour chasser avec Soleiman. Il l’amènera ainsi au col de Palmyre, sur la route de Damas, où je le retrouverai. Et j’attends nerveusement, dans le hall de l’hôtel, entourée d’amis arabes et de voisins.

Soudain, un bruit d’auto devant la porte. Je me penche à la fenêtre et entrevois la huit cylindres du colonel avec lui-même qui en descend.

Je me sauve en donnant l’ordre de dire que je suis sortie.

Ibrahim, un valet, me rejoint au bout d’un moment. Le grand chef veut absolument me voir. Il demande que je passe chez lui, mais il est bien naïf…

Je surveille au dehors et j’entrevois deux autos mitrailleuses revenant vers Palmyre. C’est encore contre moi, on déploie toutes les forces offensives… Je leur fais un pied de nez, et voyant la piste de Damas libre, je monte en voiture. Un Arabe, voyageur pour Damas, m’accompagne. Il sert de justification. Nerveusement, je prie le chauffeur d’accélérer. Un dernier coup d’œil sur Palmyre. L’auto suit la vallée des Tombeaux. Sur la route, Pierre se promène comme à son ordinaire. Je le prends en