Page:Marga Andurain - Le Mari passeport, 1947.djvu/111

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

97
DJEDDAH

— Je viens surtout le visiter et faire la connaissance de mes beaux-parents d’Oneiza. Ensuite, dans trois ou six mois au plus tard, nous repartirons.

— Comment supporterez-vous cette existence ?

— J’ai déjà mené la même vie en Syrie avec les Bédouins. J’aime cette vie primitive et patriarcale.

— Comptez-vous accomplir le pèlerinage ?

— Certes, ce sera une grande joie pour moi, musulmane d’hier, d’approcher du sanctuaire d’Allah et de recevoir ses grâces. Je serai fière de porter alors le titre de Hedje Zeïnab.

Yaya se renferme dans une glaciale impassibilité.

On accroche parfois un récif de corail et l’hélice cale. Mais enfin nous arrivons et débarquons.

À la douane, le docteur Yaya me demande courtoisement de le suivre. Les hommes m’attendent pour prendre au plus vite le chemin d’El Arafat.

Je monte avec le médecin une série de petits escaliers verts, puis j’entre dans une grande salle, meublée d’un bureau sur lequel est posé un téléphone.

Une digression ici, car le mélange d’extrême civilisation et de simplicité primitive qui caractérise ce pays surprendra le lecteur.

Le roi Ibn Séoud, d’une intelligence surprenante, est ennemi de la trop grande civilisation en soi, mais il en prend les inventions utiles à ses desseins de chef omnipotent qui veut être partout et rapidement obéi.

Chez lui, le tabac et l’alcool sont interdits. Pris à boire de l’arak, des Arabes ont été condamnés à six mois de prison, plus cent coups de bâton le premier de chaque mois… On parle là-bas du vin comme d’une drogue malfaisante et odieuse.

Par contre, l’auto et le téléphone y sont d’un usage courant.