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LE MARI PASSEPORT

10 mai. — Nuit d’insomnie, cauchemar, j’ai peur que le consul ne vienne pas. À partir de trois heures je guette. Il arrive enfin vers 4 h. 30, alors que je désespérais presque. Il a encore les mots qui font du bien. Il remonte mon moral défaillant, il pense vraiment que ce ne sera plus long maintenant. Il me porte encore du tissu, quelques livres, des boîtes de lait. Je lui demande s’il a prévenu Beyrouth de mon arrestation, mais ses réponses sont laconiques : « J’ai fait le nécessaire où il fallait, auprès de qui il fallait. »

J’insiste, il s’entête dans un mystère et une discrétion qui me crispent.

Tous ces détails m’intéressent ; ils me feraient plaisir. Je désire être informée. Mais, soi-disant dans mon intérêt, M. M… ne veut rien me dire, c’est fort pénible.

11 mai. — J’ai un tub (grand plat arabe), de l’eau, et je me délecte à ma toilette chaque matin. Je demande souvent à aller au petit coin sur la mer. Je m’y attarde le plus possible pour respirer longuement et contempler la liberté. Un paquebot apparaît à l’horizon, recevrai-je par lui des nouvelles ?…

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