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ATTENTES

de fées. Je lis encore l’Escadron Blanc, de Peyré, un compatriote ! Et j’attends la convocation du cadi, mais rien n’arrive. Combien de jours faudra-t-11 encore ?

J’écris à l’émir, lui demandant de hâter l’enquête et le priant de me faire savoir si Soleiman m’a vraiment accusée avant de mourir, je ne peux le croire.

Depuis des nuits et des jours je cherche l’énigme du dernier jour. Où a-t-il été ? Qu’a-t-il fait ? Pourquoi ne m’a-t-il pas attendue après m’avoir dit de vite faire mes valises pour partir ?

Je n’accuse personne, mais, comme il se vantait d’avoir fait un mariage colossal, ne l’aurait-on pas tué dans l’espoir de le voler ?

Je fais appeler Jaber Effendi pour qu’on m’envoie au cadl.

Il commence à être blasé sur mes suppliques et ne descend même plus.

À la fin de la journée le consul me rend visite, accompagné de son secrétaire et d’Hamdi bey. Ils m’exhortent à la patience en m’expliquant que le plus long est passé. Le consul m’apprend que mon mari français, le vrai, est à Beyrouth, chez nos amis Seyrig. C’est tout. Pas un mot de plus. Je suis inquiète de l’angoisse de mon mari, de mes fils… que savent-ils ? Ma peine est augmentée de toute l’ignorance qui m’entoure. Jamais je n’ai reçu une lettre. Jamais on ne me donne un journal, on a demandé plusieurs fois la permission de me communiquer des périodiques, c’est formellement interdit.

Le docteur Akram me fait une visite. Je me plains de la jambe, des dents, je cherche tous les prétextes pour lutter contre cette solitude abrutissante qui m’use et me détruit pièce à pièce. Akram m’assure qu’on n’attend plus que le résultat d’une analyse, qui