Page:Marguerite de Navarre - L’Heptaméron, éd. Lincy & Montaiglon, tome I.djvu/207

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
193
DES POÉSIES DE LA R. DE NAVARRE

paroissent en ceste hystoire plusieurs bestes cachées à demy, à raison de la pluye violente. »

10. « Cy endroict est la dixiesme hystoire, où est une court en laquelle est arrivée la coche & toutes les Dames descendues d’icelle, la Royne de Navarre disant adieu aux trois Dames & les troys Dames à elle. Et est ung paige habillé de noir portant deux torches ; mesmes sont quelques Gentilzhommes attendant pour conduire la Royne à son logis estant à l’opposite de celuy des dictes troys Dames. »

11. « Cy endroict est la unziesme & dernière hystoire qui contient comment la Royne de Navarre baille son livre à Madame la Duchesse d’Estampes, toutes deux estans en une chambre fort bien tapissée & parée, la dicte Dame d’Estampes ayant une robbe, de drap d’or frisé, fourrée d’hermines mouchetées, une cotte de toille d’or incarnat esgorgetée & dorée, avec force pierreries. La Royne de Navarre, tant en ceste histoire que les aultres, est habillée à sa façon accoustumée, ayant un manteau de velours noir coppé un peu soubz le bras, sa cotte noyre, assez à hault collet, fourrée de martres, attachée d’espingles par devant, sa cornette assez basse sur la teste, & apparest ung peu sa chemise froncée au collet. »

Une main inexpérimentée, qui a écrit quelques lignes sur le recto de la première miniature, représentant les armes de la Duchesse d’Étampes[1], nous a conservé la date de ce manuscrit. On distingue : À Paris, ce …bre … 1540. On trouve dans les comptes de dépense de la Reine de Navarre, pour les années 1540, 1541, 1542, un article ainsi conçu :

« 1541. Despesché ung mandement adressé au Receveur général du Berry, Maistre Olivier Bourgoing, pour payer des deniers de sa Recette à Maistre Adam Martel, Chappelain de la dicte Dame, la somme de cinquante escus d’or, à luy ordonnée par la dicte Dame, tant pour le rembourser des frais qu’il a faictz à faire escrire en parchemin ung livre dont il a charge d’icelluy enluminer & enrichir de unze histoires à la devise de la dicte Dame[2], de plusieurs

  1. « Les armoiries qui figurent en tête de ce volume ne sont pas celles de la Duchesse d’Étampes, mais celles du Comte de Vertus, beau-frère de la Duchesse d’Étampes. Cette Dame aimait beaucoup la Comtesse de Vertus, sa sœur, & le Duc d’Étampes prétendait qu’elle l’avait ruiné pour enrichir cette sœur chérie. Le Roi lui-même (Henri II) consentit à déposer, en 1556, dans une enquête faite à ce sujet. Il paraît néanmoins très-probable que ce manuscrit est celui offert par la Reine de Navarre à la Duchesse d’Étampes, dont les armes auront été recouvertes ultérieurement par celles du Comte de Vertus, à qui il aura été donné par sa belle-sœur. » Catalogue Pichon, 1869, no 516, p. 127-8.
  2. « Cette devise : Plus vous que moy est répétée à chaque miniature ». Catalogue Pichon, no 516, p. 127.