demeurer en bas, car, au lieu de saulter, il tumba si lourdement qu’il se blessa fort en une jambe.
Et, quant il se veid abandonné de son compaignon & qu’il ne le povoyt suyvre, regarda à l’entour de luy où il se pourroyt cacher & ne veid rien que un tect à pourceaulx, où il se traina le mieulx qu’il peut, &, ouvrant la porte pour se cacher dedans, en eschappa deux grands pourceaulx, en la place desquelz se meist le pauvre Cordelier & ferma le petit huys sur luy, espérant, quant il orroyt le bruict des gens passans, qu’il appelleroyt & trouveroit secours.
Mais, si tost que le matin fut venu, le Boucher appresta ses grands cousteaulx & dist à sa femme qu’elle luy tint compaignye pour aller tuer son pourceau gras, &, quant il arriva au tect auquel le Cordelier s’estoyt caché, commencea à cryer bien hault en ouvrant la petite porte : « Saillez dehors, Maistre Cordelier ; saillez dehors, car aujourd’huy j’auray de vos boudins ».
Le pauvre Cordelier, ne se povant soustenir sur sa jambe, saillyt à quatre piedz hors du tect, criant, tant qu’il povoyt, miséricorde. Et, si le pauvre Frère eust grand paour, le Boucher & sa femme n’en eurent pas moins, car ilz pensoient que sainct François fust courroucé contre eulx de ce qu’ilz nommoient une beste Cordelier & se mirent à genoulx devant le pauvre Frère, demandans pardon